L’ILN Casanova est « un des immeubles les plus novateurs de son temps, grâce à l’originalité spatiale de ses appartements, tous différents et prolongés de grandes terrasses plantées ». L’arrêté préfectoral qui inscrit la cité de l’OPH aux monuments historiques ne tarit pas d’éloges.
L’immeuble situé au 79 – 81 avenue Danielle Casanova, conçu par Jean Renaudie et livré en 1972, est un ensemble emblématique de l’architecture « en étoiles », symbole de la rénovation du centre-ville d’Ivry. L’une de ses particularités est d’être composé de volumes disposés en gradins de hauteurs variables, R+5 à R+8, capables d’offrir à la majorité des logements des terrasses-jardins variées.
En décembre 2019, l’OPH d’Ivry a saisi la DRAC (Direction régionale des Affaires Culturelles) afin d’inscrire la bâtiment aux monuments historiques pour préserver cette architecture exceptionnelle. De nombreux échanges et visites ont eu lieu avec les conservateurs et les Architectes des Bâtiments de France qui ont porté le projet avec l’agence Gatier et l’OPH. Le 19 avril 2021, la bonne nouvelle est tombée : un arrêté préfectoral a été publié. Les façades, les toitures, les terrasses, les galeries du rez-de-chaussée et le jardin de la cité sont inscrits au titre des monuments historiques.
Cette inscription confirme l’engagement de l’OPH dans sa volonté de conservation de son patrimoine exceptionnel. Elle permettra également d’obtenir des subventions pour restaurer les façades et les terrasses-jardins, dans le cadre de la réhabilitation dont les travaux débuteront au premier trimestre 2022.
Cette réhabilitation a pour objectif prioritaire la réfection des fenêtres et l’amélioration de la ventilation. Le programme prévisionnel des travaux comprend notamment la rénovation des menuiseries extérieures des logements, la rénovation de la ventilation, l’amélioration partielle des installations de chauffage et de plomberie, la réfection ponctuelle des façades et la réparation des éléments de béton armé, ainsi que la restauration des terrasses privatives végétalisées dont l’état sanitaire est très dégradé.
La maitrise d’œuvre a été confiée à l’agence Pierre Antoine Gatier et le coût total des travaux approchent les neuf millions d’euros.Arrêté portant inscription au titre des monuments historiques de l’immeuble Danielle-Casanova, situé 79-81 avenue Danielle Casanova à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne)
Nous vous proposons de relire un article sur Colette Pourre, qui depuis 46 ans habite l'ILN Casanova. Cet article a été initialement publié dans Droit de Cités n°92, en juin 2016.
Colette vit dans les étoiles
En 1972, l’OPHLM livre l’ILN Casanova, cité emblématique du centre d’Ivry-sur-Seine conçue par Jean Renaudie. Trois ans plus tard, Colette Pourre emménage, ravie, dans cet ensemble dont les formes ne sont pas sans rappeler celles des étoiles. Elle y vit encore, enchantée par cette architecture si particulière.
Colette adore sa cité, sa lumière, ses formes, ses jardins et son originalité. Tant et si bien qu’elle n’hésite jamais à ouvrir sa porte aux étudiants, passionnés d’architectures ou simples curieux.
« Parfois des gens me disent que de l’extérieur il trouve la cité laide. Mais quand ils visitent mon appartement, ils changent immédiatement d’avis ! »
Une cité très attachante
Elle leur fait découvrir son jardin dont la famille profite à chaque rayon de soleil, ainsi que les petites chambres compensées par de grands espaces communs. Elle attire également leur attention sur des éléments plus insolites, comme ces petites fenêtres placées tout en bas des murs, au niveau du sol, pensées pour que les chats et les bébés qui marchent à quatre pattes puissent regarder dehors.
« J’aime cette cité car chaque logement est différent, poursuit-elle. Chacun a sa manière de l’utiliser : tout n’est pas figé comme dans un appartement classique où l’on sait par avance que l’on devra mettre la télé à tel endroit. Il y a ici une façon d’investir les lieux qui est beaucoup plus libre qu’ailleurs. »
En effet, pour Renaudie, les hommes ne vivent pas tous de la même manière et ce n’est pas parce que le logement social doit être fonctionnel qu’il doit être répétitif. L’architecte recherche et conçoit alors des combinaisons multiples qui rendent sans objet la question de la densité : si l’on vit bien chez soi et avec le voisinage, celui-ci n’est plus une gêne, bien au contraire !
Une architecture qui facilite le lien social
Pour Jean Renaudie, l’architecture a le pouvoir de favoriser le lien social, et ce n’est pas Colette qui démentira la philosophie de l’architecte, elle qui apprécie tant la convivialité entre voisins.
« On se connait très bien : on se rend service, on prend soin les uns des autres. »
L’immeuble est également caractérisé par des terrasses, dont disposent beaucoup de locataires. Outre de véritables petits jardins, elles représentent une ouverture vers le reste du bâtiment.
« Elles facilitent les contacts entre les habitants de l’immeuble, parce que les logements sont très imbriqués les uns aux autres, expliquait Jean Renaudie en 1977 dans « Avenir 2000« . On s’est arrangé dans l’organisation d’ensemble pour que d’un logement, on en voie beaucoup d’autres. La terrasse du voisin du dessus surplombe, on surplombe le voisin inférieur, tout en ayant une vision d’ensemble de toutes les terrasses. »
Colette a pu constater le lien créé grâce à ces terrasses : dans les années 70, Jean Renaudie en personne habitait trois étages au-dessus de la famille Pourre.
« C’était une personnalité très appréciée dans la cité. C’est tous ensemble, avec lui et les autres locataires que nous avons planté des arbres et des arbustes dans les cheminements intérieurs », raconte Colette.
Finalement, Madame Pourre ne regrette qu’une chose : la maigre isolation thermique et phonique de la cité. Toutefois, le changement des fenêtres est prévu dans les prochaines années, dans le cadre d’une réhabilitation.