Incendie des locaux de l’OPH d’Ivry : réaction de Philippe Bouyssou

Philippe Bouyssou, maire d’Ivry et président de l’OPH, s’exprime à la suite de l’incendie dont l’OPH a été victime.

Mesdames, Messieurs, bonjour,


J’ai souhaité m’adresser de manière solennelle aux Ivryennes et aux Ivryens, et plus particulièrement aux quelque 6200 familles qui vivent dans le patrimoine de l’Office Public de l’Habitat. Je remercieSabine Christof Beaurianne, directrice générale de l’OPH, Stéphane Gonzales, secrétaire du comité social et économique de l’OPH, Hafida Ferreira, déléguée syndicale,
Isabel de Bary, Henri Heinich, représentante et représentant des locataires au Conseil d’administration de l’Office d’avoir accepté d’être à mes côtés pour cette déclaration.

L’incendie qui a ravagé le siège de notre organisme dans la nuit de mardi à mercredi aurait pu avoir des conséquences dramatiques.

Je salue encore une fois les sapeurs-pompiers d’Ivry dont le courage, le professionnalisme et l’efficacité ont pu éviter que l’incendie ne se propage jusqu’aux étages habités de cet ensemble Jeanne Hachette, dont chacun connaît la complexité architecturale.

Voici les éléments donc nous disposons aujourd’hui. Le 29 mars dernier, des graffitis menaçants étaient découverts sur les murs de l’Atelier de l’Office, rue Raspail. Le 31 mars, deux jours plus tard, la revendication de cet acte assortie de nouvelles menaces étaient publiées sur Internet par ce qui semble être un groupuscule d’activistes. Depuis hier, la police enquête sur la base de témoignages du voisinage et des premiers éléments matériels recueillis pour en apprendre plus sur la cause de cet incendie.

Au regard de ces informations, tout converge vers l’hypothèse d’un incendie d’origine criminelle. La police judiciaire de Créteil s’est d’ailleurs saisie du dossier. J’affirme ici ma totale confiance dans la capacité de la police nationale à identifier les éventuels auteurs de ce qui constituerait dès lors un acte criminel.

Cette atteinte grave, et sans précédent, au fonctionnement de l’OPH d’Ivry intervient à un moment particulier. Un moment où nous nous débattons toutes et tous depuis plus d’un an au milieu d’une crise sanitaire d’une ampleur inédite. Un moment où les conditions de vie de nombre d’entre nous se trouvent suspendues à un fil, ou sont déjà en train de se dégrader. Un moment aussi où l’OPH, ses cadres de directions notamment, sont en train de travailler à la mue de l’Office en coopérative HLM, avec un triple objectif.

D’abord, celui d’échapper à la fusion au sein d’une « mégastructure » de plusieurs dizaines de milliers de logements. Ensuite, celui de garder à Ivry la maîtrise stratégique de cet outil central dans le quotidien de notre ville, de ses habitantes et habitants. Enfin, et surtout, celui de renforcer la place des locataires et des personnels dans la gouvernance de cette future coopérative.

Quelles que soient les conditions dans lesquelles nous poursuivrons ce travail dans les semaines à venir, nous maintiendrons ces objectifs, dont je rappelle qu’ils ont été très majoritairement validés lors d’un référendum des locataires et du personnel de l’Office, le 6 avril 2019.

Ce moment est aussi marqué pour notre OPH, il est vrai, par un renforcement des dispositifs visant à résorber les dettes locatives. Des commandements de payer, des mises en demeure ont été envoyés aux locataires en plus grand nombre ces derniers mois qu’auparavant.

Ces initiatives ont pu générer de l’incompréhension, des tensions, voire de l’agressivité à l’égard du personnel de l’Office. Mais cela a surtout permis à des centaines de locataires d’engager des plans d’apurement, de reprendre le paiement de leur loyer, et par là de rouvrir leur droits à l’APL ou au fonds de solidarité logement.

Les millions d’euros qui sont dûs au total manquent cruellement pour entretenir le patrimoine commun à tous les locataires de l’Office. Un patrimoine souvent exceptionnel d’un point de vue architectural, remarquable en ce qui concerne la qualité de vie, mais également très contraignant et très coûteux en matière d’entretien et de rénovation. Ce dernier aspect est effectivement une question posée à l’OPH d’Ivry, à sa gouvernance et à ses locataires… tout autant que les insatisfactions qu’il peut générer.

Mais rien, absolument rien ne saurait justifier l’acte criminel dont il semble bien que l’Office, ses locataires, aient été victimes. Je le dis ici : dans la nuit de mardi à mercredi, une ligne rouge a été franchie. Je mets donc en garde toutes celles et ceux qui seraient tentés d’instrumentaliser, ou de récupérer à des fins politiciennes, cet incendie qui aurait pu tourner au drame s’il avait atteint les habitations voisines de l’OPH.

Car ma responsabilité, en tant que Président de l’Office, en tant que Maire d’Ivry, est de rappeler ici qu’il n’est dans l’intérêt de personne d’opposer l’OPH d’un côté, et les Ivryennes et les Ivryens de l’autre. Depuis plus d’un siècle, l’histoire de l’Office se mêle à celle de notre ville et à celle de milliers de familles ivryennes, de génération en génération.

Il est, aujourd’hui, le bailleur de 6200 familles ivryennes et gère plusieurs dizaines de cités et résidences dans notre ville. Il est un partenaire incontournable des politiques municipales pour proposer aux Ivryennes et Ivryens des logements abordables, pour permettre à des familles de sortir de l’habitat insalubre, pour développer le logement dans notre ville tout en luttant contre l’inflation du coût du logement.

Evidemment, il y a des difficultés. Oui, il y a des efforts supplémentaires à produire, parfois des erreurs commises. Il y a surtout, derrière nous, une longue histoire de bataille pour le logement pour toutes et tous. Et devant nous, de nouvelles questions, de nouveaux choix stratégiques à construire ensemble.

Dans les prochains jours, les personnels de notre office vont devoir affronter les difficiles enjeux d’une réorganisation provisoire pour continuer à accomplir leurs missions au service des locataires.

Je veux les assurer ici de tout mon soutien, tout en sachant pouvoir compter sur votre solidarité et votre compréhension.

Philippe Bouyssou,
maire d’Ivry et président de l’Office