En ce début d’année, une série fait beaucoup parler d’elle : “Lupin, dans l’ombre d’Arsène”, l’histoire d’un quarantenaire, Assane Diop (interprété par Omar Sy), qui va s’inspirer de son héros, le gentleman cambrioleur Arsène Lupin, pour venger la mort de son père. Dans de nombreux flash-backs parsemant les épisodes, on peut saluer la performance de Mamadou Haïdara, jeune locataire de l’OPH, qui joue le rôle d’Assane Diop adolescent.
Nous retrouvons Mamadou un matin de janvier, dans la Tour Lénine où il habite, entouré de sa famille, très fière de lui. Ses proches ont en effet de quoi être admiratifs ! Le jeune homme de 16 ans n’a joué que dans une série, mais sa prestation a été vue par près de 70 millions de spectateurs et spectatrices sur la plateforme Netflix ! Ses sœurs abondent : « Ses scènes sont reprises sur tous les réseaux sociaux. Même avec un masque, les gens le reconnaissent dans la rue et lui demandent des autographes. » Malgré ce succès fou, le jeune homme reste modeste. « Je suis quelqu’un de normal, confie-t-il. Je n’arrive pas à m’imaginer que la série dans laquelle je joue est numéro 1 dans tous les pays. »
Comment ce natif d’Ivry, qui a vécu plusieurs années à Gagarine, s’est-il retrouvé à jouer dans une superproduction ? « C’est une histoire folle. Avec mes copains, retrace-t-il, j’avais postulé pour être figurant dans le film “Gagarine”, juste avant la destruction de la cité. Mes potes ont été retenus, mais la personne chargée du casting m’a oublié. Elle m’a alors promis de me trouver d’autres occasions, même si je n’y tenais pas trop. » Quelque temps plus tard, celui qui n’a encore jamais foulé les planches ou les plateaux reçoit un courriel : on lui propose une audition.
« Je n’avais rien à perdre, alors je me suis lancé ! »
Le jour du casting, Mamadou est un peu stressé « Il y avait d’autres concurrents avec moi, je me disais qu’on n’allait pas me prendre, que je n’étais pas fait pour le cinéma. » À sa grande surprise, il est retenu pour jouer la version adolescente d’Omar Sy. Nous sommes à l’été 2019. Les prises de vue des dix épisodes se déroulent sur une année. « En temps plein, j’ai tourné deux mois, précise-t-il. Le plus dur, c’était pour suivre les cours. Pour me rendre sur les lieux du tournage, je partais vers 6 heures, puis vers 18 heures j’allais dans un établissement du 13ème arrondissement où je rattrapais l’école. »
Sur les plateaux, le jeune Ivryen est accompagné par une coach. « Elle a su me mettre à l’aise et me rassurer, dévoile l’acteur. Elle m’a aidé à apprendre mes textes et à faire des exercices. Elle m’a expliqué que ça ne servait à rien d’être stressé : le caméraman voulait juste bien me cadrer et celui qui s’occupait du son souhaitait simplement entendre ma voix. À partir de là je n’avais plus qu’à être naturel ! » Mamadou Haïdara arrive alors à se lâcher et à oublier les dizaines de personnes qui composent l’équipe de tournage. « Il y avait énormément de gens autour de moi. Ils étaient tous très cool mais tellement nombreux que je n’arrivais pas à retenir tous les noms ! »
Nous lui demandons une anecdote. Le jeune homme réfléchit : laquelle choisir ? « Je venais de me coiffer comme j’en avais l’habitude, finit-il par nous raconter. À mon arrivée sur le tournage, un coiffeur vient me voir et me dit qu’il faut tout couper. Ça m’a fait un énorme choc, mais heureusement je me suis vite habitué à ma nouvelle coiffure ! »
Une expérience qui en appelle d’autres
Le jeune homme a adoré jouer la comédie. Compte-t-il réitérer ? « Au départ, je ne pensais pas, reconnaît-il sobrement, mais plusieurs agents sont venus vers moi. Sur les conseils d’un ami, j’ai choisi celui qui me semblait le plus humain, qui allait m’accompagner, pas celui qui ne ferait que gratter des papiers. » Grâce à son agent, Mamadou vient de réaliser un book qui lui permettra de recevoir d’autres propositions de castings. Le comédien n’a pas encore de préférence pour un type de film en particulier. « Je souhaite avant tout faire mon expérience, même si ce que je préfère regarder ce sont les films et séries d’actions ; pour moi, la meilleure série de tous les temps, c’est “Prison Break” ! »
En attendant de l’apprécier dans d’autres productions, on peut voir l’Ivryen dans la première partie de “Lupin” disponible sur Netflix. La deuxième partie, dans laquelle il joue également, sortira cet été. L’a-t-il déjà visionnée ? « On me l’a proposé, mais je préfère me garder la surprise et la regarder en même temps que mes proches ! »
Rémi TANGUY