
Reconnu pour son caractère innovant, le meilleur de l’architecture ivryen se conjugue au féminin depuis des décennies à Ivry. Focus sur ces femmes architectes qui sont parvenues à bâtir des espaces de vie en adéquation avec les attentes des locataires et à s’imposer dans un milieu où les femmes architectes sont encore sous représentées. A l’occasion de la journée des droits de la femme, focus sur celles qui ont marqué le patrimoine de la Coop’.
Les femmes architectes d’hier
Décédée il y a un peu plus de deux ans, Renée Gailhoustet, qui a travaillé aux côtés de Jean Renaudie, a marqué positivement le territoire en œuvrant pour le logement social. Un sujet qui était loin de passionner ses pairs, dans les années soixante ! En plus de travailler pour la rénovation du centre-ville et d’être architecte en cheffe de la ville, l’Ivryenne propose de reconsidérer le découpage de l’espace. Pour elle, il est impossible de résumer le centre-ville à ses seules quatre grandes fonctionnalités (logement, travail, transports et espaces dédiés aux loisirs et au bien-être) ; et ce parce qu’ils sont simplement liés. Pour rappel, on lui doit notamment la tour Raspail, la tour Lénine, Spinoza, et le Liégat.
Toute sa vie, Renée Gailhoustet revendiquera le fait d’avoir travaillé pour un logement accessible à tous et non pour le logement social. Avec Jean Renaudie, elle n’aura de cesse de proposer des logements sociaux dissemblables et adaptables à tout un chacun. Ses constructions effacent la distinction intérieur-extérieur. La terrasse devient une pièce à part entière.
Renée Gailhoustet n’a pas seulement proposé des espaces de vie. Elle y a aussi vécu. C’est d’ailleurs dans son appartement du Liégat qu’elle s’est éteinte en janvier 2023. En 2022, le Prix d’architecture 2022 de la Royal Academy lui a été décernée.
Cité Voltaire, Louis-Bertrand et médiathèque
La cité Voltaire a été elle aussi été conçue par une femme architecte, Nina Schuch, née Janina Podolecka. Diplômée de l’Ecole Polytechnique d’architecture de Varsovie, elle intègre, en 1961 l’Atelier de Montrouge, où elle rencontre Jean Renaudie. Elle suit celui qui est devenu son compagnon et quitte l’Atelier de Montrouge pour collaborer avec lui sur la rénovation du centre-ville et les étoiles de Givors.
Suite au décès de Jean Renaudie, en 1981, elle créé, avec le fils de Jean Renaudie, Serge Renaudie, l’Atelier. Elle achève les projets lancés comme la cité Voltaire. On doit également à cette architecte la médiathèque d’Ivry-sur-Seine, la cité Louis Bertrand et la mairie de Villetaneuse.
Les femmes architectes d’aujourd’hui
La cité Start n’en finit pas de faire parler d’elle. En 2024, trois prix ont été remis à Beatriz Ramo, architecte d’origine espagnole, installée au Pays-Bas, qui a créé l’agence STAR strategies + architecture, qui n’est autre que l’heureuse initiatrice du projet.
Après avoir été lauréate du prix « Défi urbains 2024 », catégorie « Modes d’habiter », cette femme architecte a également empoché le prix œuvre originale décerné par l’Association pour la Recherche sur la Ville et l’Habitat ainsi que le 3ème prix du concours « Global Architecture & Design Awards » de RTF Rethinking The Future, dans la catégorie « Logement » (plus de cinq étages).
La cité Start, livrée en 2023, est le fruit de longues heures de concertation – avec les services de la Coop’ notamment – pour proposer des logements adaptables tout au long de la vie des habitants. A l’arrivée d’un enfant, on déplace une cuisine pour créer une chambre. On transforme la chambre du petit dernier en T1 pour lui permettre d’avoir son indépendance, etc. « L’opération Start est la concrétisation de théories conceptuelles sur le logement fondées sur près d’une décennie de recherches sur la situation du logement dans le Grand Paris » précise l’architecte qui, durant de longues années, ne se sentai[t] pas très à l’aise avec la dénomination « femme architecte ». Pour cause, « si les femmes sont de plus en plus nombreuses dans les écoles d’architecture, leur nombre diminue considérablement ensuite : salariées dans des agences d’architecture, membres de l’Ordre des architectes, et surtout en tant que directrices des agences d’architecture. Surtout lorsqu’il s’agit d’une agence d’architecture propre en tant qu’exécutant individuel, c’est-à-dire sans autres associés ou partenaires. Je parle en connaissance de cause puisque c’est mon cas. »
La cité Auguste Pioline a été imaginée par l’agence Boudry & Boudry, et plus particulièrement par l’architecte Marjolijn Boudry.
Construit au sein de l’agrocité Gagarine-Truillot, cet îlot propose un nouveau cadre de vie pour ses habitants. « Sa situation géographique et singulière propose au travers de ses qualités urbano-architecturales un nouveau cadre de vie pour des habitants bien dans leur époque et dans leur ville. Il offre des lieux de vie de grande qualité d’usage, plaçant l’homme au cœur de la réflexion. » Les lieux ont également été pensés pour donner un véritable sens à « « l’habiter » et à ses temporalités (intimité et urbain) ».
Dans cette nouvelle bâtisse, les volumes ont du sens. Mieux, ils organisent l’espace urbain en s’ouvrant aux éléments naturels : lumière, air, ensoleillement… Des jardins agrémentent le tout.
Livrée début 2024, le projet architectural sera présenté à différents concours architecturaux pour qu’il puisse inspirer d’autres architectes et être reconnu à sa juste valeur.