Il y a tout juste deux ans, Renée Gailhoustet s’est éteinte. Cette architecte française, célèbre pour ses réalisations en matière de logement social, en banlieue parisienne, continue d’alimenter le cours de l’histoire grâce à ses réalisations. C’est d’ailleurs dans son appartement du Liégat qu’elle est décédée. Mais qui était-elle ?
A l’instar de la nouvelle miss France qui entend briser les murs de verre et participer au concours miss Univers, Renée Gailhoustet a suivi une voie professionnelle peu ordinaire. Après des études de philosophie, elle intègre l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, et notamment l’un des seuls ateliers de l’époque ouvert aux femmes. C’est là qu’elle rencontre Jean Renaudie, un architecte qui a lui aussi marqué le bâti d’Ivry-sur-Seine.
Contrairement aux autres architectes de son époque, Renée Gailhoustet s’intéresse au logement social. Après avoir travaillé aux côtés de Jean Renaudie, elle devient architecte en cheffe pour la ville d’Ivry-sur-Seine. Puis fonde sa propre agence.
Un logement accessible
L’Yvriennne revendique non pas d’œuvrer pour le logement mais pour un logement accessible à tous. Elle entend proposer des logements collectifs différents les uns des autres et s’adaptant à tout un chacun. Une « petite » révolution à l’époque ! Elle est reconnue pour avoir construit des espaces supprimant le contraste entre intérieur et extérieur. Chaque espace (terrasse, salon, ou chambre) est envisagée comme une pièce connectée aux autres. Le duplex encourage la communication des pièces les unes avec les autres. Contrairement aux autres conceptions architecturales, Renée Gailhoustet ne privilégie pas les longs couloirs pour accéder d’un espace à un autre. Elle intègre dans ses projets des terrasses arguant que chacun à le droit de bénéficier d’un bout de jardin. Ses conceptions architecturales sont novatrices pour l’époque.
Sans abandonner le modèle des grandes tours (Lénine et Raspail en attestent), Renée Gailhoustet impose un nouveau modèle de construction : les polygones.
Avec la cité Spinoza, elle propose aux locataires des appartements en duplex où lieux de vie, de travail et d’échanges se mêlent. Grâce à des voies de circulation, le logement social se mêle aux différents espaces de vie dans la ville.
Un patrimoine, source d’inspiration
Des étudiants se pressent chaque jour devant ses conceptions pour en mesurer la richesse. Être une femme architecte n’est pas un élément explicatif selon cette professionnelle pour justifier sa vision innovante des constructions… En 2014, elle est lauréate du Prix des Femmes Architectes, mention spéciale pionnière. En 2018, elle reçoit une médaille d’honneur de l’architecture. En 2022, elle avait reçu le Grand Prix d’Honneur du ministère de la Culture.
Cette architecte s’est éteinte à son domicile le 4 janvier 2023, dans son appartement, au Liégat où elle résidait depuis les années 80.
Crédit photo : Archives municipales Ivry-sur-Seine, Droits Raphaël Chipault, 2020.